Un jeune père évalue s’il doit investir ses économies dans l’amortissement de son logement ou dans d’autres placements financiers pour se constituer un patrimoine.
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L’essentiel en un coup d’œil

  • Un logement en propriĂ©tĂ© immobilise beaucoup de capital et reprĂ©sente un risque de concentration pour l’évolution du patrimoine.
  • MalgrĂ© la hausse des intĂ©rĂŞts, utiliser les liquiditĂ©s excĂ©dentaires pour amortir intĂ©gralement l’hypothèque n’est pas une stratĂ©gie pertinente.
  • Un taux d'avance modĂ©rĂ© du logement en propriĂ©tĂ© permet d’investir des liquiditĂ©s dans des valeurs rĂ©elles telles que des actions ou des placements immobiliers dont les rendements attendus sont plus Ă©levĂ©s.
  • Toutefois, cela comporte Ă©galement des risques: les portefeuilles de placement sont toujours soumis Ă  des fluctuations de valeur. De plus, les hausses de taux d’intĂ©rĂŞt peuvent augmenter les coĂ»ts de financement en fonction de la durĂ©e de l’hypothèque.

Un bien immobilier n’est certes pas un livret d’épargne, mais il constitue, en combinaison avec une hypothèque, un bon moyen de se constituer un patrimoine. Prenons un cas pratique pour illustrer notre propos:

la famille Modèle possède un logement en propriété d’une valeur d’un million de francs. La valeur du bien immobilier a augmenté ces dernières années et la famille a amorti chaque année une partie de l’hypothèque. Actuellement, les dettes hypothécaires ne représentent plus qu’environ 60% de la valeur du bien immobilier.

Supposons en outre que la famille détienne 600 000 francs de liquidités. L’argent est actuellement parqué dans une banque en tant qu’avoirs en compte. Il n’y a pratiquement pas d’intérêts. Aujourd’hui, les taux d’inflation en nette hausse poussent la famille à revoir ses finances. Car il est clair que l’inflation dévore une partie des liquidités. Les propriétaires ont le choix entre trois options:

  • Amortissement: si les taux d’intĂ©rĂŞt augmentent, de nombreux propriĂ©taires de biens immobiliers envisageront des amortissements supplĂ©mentaires. En effet, les hypothèques coĂ»tent aujourd’hui plus cher qu’en pĂ©riode de taux bas. Mais avec la variante de remboursement qui semble simple, la fortune est investie dans la maison et la famille est donc fortement dĂ©pendante de l’évolution de la valeur du bien immobilier.
  • Ne rien changer: l’inflation et les intĂ©rĂŞts hypothĂ©caires augmentent sans que les liquiditĂ©s abondantes ne rapportent quoi que ce soit. En tenant compte de l’inflation, la famille subit donc une perte de patrimoine.
  • Investir l’argent: la famille maintient un taux d’avance modĂ©rĂ© et investit Ă  plus long terme dans des placements financiers, par exemple dans des actions Ă  dividendes Ă©levĂ©s, dans un portefeuille mixte d’actions internationales ou dans des fonds en valeurs immobilières suisses.
Le fait de conserver son hypothèque peut contribuer, surtout dans un contexte inflationniste, à constituer un patrimoine beaucoup plus rapidement qu’avec une stratégie de remboursement prétendument sûre.
Ă۶ąĘÓƵ Chief Investment Office

Instrument de constitution de patrimoine

Dans la variante trois, il faut se rappeler que chaque mĂ©nage devrait conserver une certaine rĂ©serve de liquiditĂ©s. Ainsi, la totalitĂ© des fonds libres de 600 000 francs n’est bien sĂ»r pas disponible, mais la majeure partie l’est. Les Ă©conomistes de l’équipe CIO (Chief Investment Officer) d’Ă۶ąĘÓƵ ont calculĂ© les diffĂ©rentes variantes et arrivent Ă  une conclusion claire: «Le fait de conserver son hypothèque peut contribuer, surtout dans un contexte inflationniste, Ă  constituer un patrimoine beaucoup plus rapidement qu’avec une stratĂ©gie de remboursement prĂ©tendument sĂ»re.» Les Ă©conomistes recommandent de continuer Ă  hypothĂ©quer modĂ©rĂ©ment le bien immobilier et de ne pas amortir l’hypothèque plus que nĂ©cessaire. En raison du renchĂ©rissement, les dettes, c’est-Ă -dire l’hypothèque, perdent de la valeur, tandis que la valeur du bien immobilier augmente en termes nominaux.

Si l’on investit ensuite son argent de manière intelligente, on obtiendra une augmentation de son patrimoine, surtout avec des valeurs réelles comme les actions. Le levier décisif est le rendement à long terme: pour que le compte soit vraiment bon, les revenus générés devraient bien entendu être supérieurs aux intérêts de l’hypothèque. La probabilité d’obtenir un net avantage de rendement avec la variante 3 est élevée. Selon l’étude du CIO, le rendement attendu d’un portefeuille modèle diversifié en francs suisses est actuellement d’environ 4,5 à 5% à long terme. C’est nettement supérieur aux coûts hypothécaires actuels, qui se situent entre 2,5 et 2,7% environ pour une hypothèque fixe sur 10 ans.

La conclusion est claire: les personnes qui restent passives et laissent des liquidités inutilisées, plus ou moins sans intérêt, doivent s’attendre à des pertes de valeur. Par contre, si la famille de notre exemple de cas investit une grande partie de sa fortune, elle réalisera une plus grande croissance de sa fortune même après déduction de tous les frais. Les impôts ne changent d’ailleurs rien à cette analyse. Il est de notoriété publique que les propriétaires immobiliers sont imposés sur la valeur locative et peuvent en contrepartie déduire les intérêts hypothécaires. Mais l’impôt sur la valeur locative est dû de toute façon et ne devrait pas être un critère pour déterminer comment un ménage utilise ses liquidités.

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Investir: qu’est-ce qui rapporte?

Une stratégie comportant une part importante d’actions suisses semble évidente. Les personnes de moins de 50 ans peuvent envisager une part d’actions élevée, car elles sont censées avoir un horizon de placement plus long. Les actions sont attrayantes, ne serait-ce qu’en raison du rendement sur dividendes de plus de 3%. En tant que valeur réelle, elles promettent en outre une croissance du capital à plus long terme, supérieure à l’inflation. Les fonds en valeurs immobilières suisses constituent une alternative aux actions. Ici aussi, ce sont les rendements relativement bons qui font l’attrait de l’investissement. Les répartitions sont actuellement d’environ 2,8%, soit à peu près au même niveau que les intérêts des hypothèques. Comme pour les actions, on attend des fonds en valeurs immobilières une plus-value à long terme. S’ajoute à cela le fait qu’ils offrent des avantages fiscaux. En effet, les répartitions des fonds en valeurs immobilières qui détiennent des immeubles en propriété directe sont exonérées d’impôt pour les investisseurs.

Les placements comportent toujours un certain risque. Selon l’étude CIO, la probabilité que les recettes supplémentaires attendues ne soient pas atteintes est d’environ 26%. Cela s’explique par le fait que les marchés des actions sont fondamentalement volatils et comportent un risque de «sous-performance». L’année 2022 a par exemple été une mauvaise année pour les placements, mais cela n’arrive que très rarement à ce niveau. Ce qui est toujours décisif, c’est l’horizon de placement à long terme et la mise en œuvre d’une stratégie.

Hypothèque et inflation

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Quels sont les risques?

«Un risque de la stratĂ©gie avec des placements de capitaux pourrait ĂŞtre une forte augmentation des intĂ©rĂŞts», explique Matthias Holzhey, Ă©conomiste chez Ă۶ąĘÓƵ et l’un des auteurs de l’étude. Si la Banque nationale suisse (BNS) augmente ses taux directeurs plus fortement que prĂ©vu dans les mois et annĂ©es Ă  venir, cela augmenterait bien sĂ»r, dans notre exemple de cas, les frais d’intĂ©rĂŞt de l’hypothèque. Parallèlement, des intĂ©rĂŞts plus Ă©levĂ©s impliquent gĂ©nĂ©ralement des corrections de valeur sur les investissements rĂ©alisĂ©s dans des actions ou des fonds en valeurs immobilières. MĂŞme si ce scĂ©nario est peu probable, il est possible de prendre certaines prĂ©cautions. «Avec une hypothèque Ă  taux fixe, on peut bien se protĂ©ger», affirme Matthias Holzhey. Les personnes qui souscrivent par exemple des hypothèques Ă  taux fixe sur 10 ans rĂ©sisteront bien Ă  d’éventuelles hausses d’intĂ©rĂŞts.

Conclusion

Les chiffres de l’étude CIO pour les dix prochaines années parlent d’eux-mêmes (voir graphique): les personnes qui ne touchent pas à leur hypothèque et investissent dans un portefeuille d’actions mondial devraient s’en sortir nettement mieux. La fortune totale du ménage, après déduction des frais hypothécaires, bien entendu, sera supérieure de plus d’un tiers à ce qu’elle aurait été sans investissement.

Le graphique montre la situation financière dans 10 ans selon la stratégie choisie.
*À titre indicatif seulement. Les prévisions ne sont pas un indicateur fiable du rendement ou des résultats futurs. Hypothèse : Le prix des logements occupés par leur propriétaire augmente à long terme avec une inflation prévue de 1 % par an. **Investissement : Estimation basée sur le rendement moyen attendu d’une stratégie d’actions mondiales au cours des 15 prochaines années.

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